Souleymane Bachir Diagne

The Romanic Review, 2009

Abstract

C’est Leopold Sedar Senghor lui-même qui établit la généalogie de son œuvre philosophique et littéraire en la faisant fille de ce qu’il a appelé “la Révolution de 1889”. Cette révolution est celle qui fut réalisée par Henri Bergson et cela tombe bien que 1889 soit, en effet, la date de publication du premier ouvrage du philosophe (ce fut sa thèse): l’Essai sur les données immé- diates de la conscience. Autour de cette date, d’autres événements littéraires et philosophiques se sont produits qui participent de cette même révolution, de ce même « esprit 89 », selon Senghor, et qui donc entrent dans la généalogie qu’il construit. C’est ainsi qu’au gré de ses textes et des circonstances dans lesquelles il les présente, de cette révolution, il arrive à Senghor de multiplier les figures tutélaires. Il en est après tout des révolutions comme des victoires : elles ont plusieurs pères. En voici trois, tels qu’ils apparaissent dans le texte d’une conférence donnée par le poète sénégalais lors d’un colloque à Paris en 1983, intitulé « la culture face à la crise »’ : « L’année 1889 est […] une date importante dans l’histoire de la philosophie, des lettres, mais aussi des arts. C’est celle de deux œuvres majeures : l’Essai sur les données immédiates de la conscience d’Henri Bergson et Tête d’or de Paul Claudel, auxquelles j’ajouterai l’œuvre d’Arthur Rimbaud, intitulée Une Saison en enfer, qui les annonçait, pour ainsi dire, dès 1873. »

View the paper here Senghor et la Revolution de 1889